De la table à la terre, le compost en circuit court à la sauce toulonnaise
- julieradatti
- 19 juin 2019
- 3 min de lecture

30 % des déchets que nous jetons sont organiques. Ils sont brûlés dans la plupart des cas, alors qu'ils pourraient être valorisés. C'est pour traiter en circuit court ces bio détritus, que « les alchimistes » sont nés à Toulon. Installée sur le quai des pêcheurs, grâce à une campagne de crowfunding citoyen, l'association récupère les déchets alimentaires des restaurateurs et autres professionnels pour les valoriser et les ramener à la terre, autour de Toulon. Actuellement en phase de test, la citerne-composteur devrait tourner à plein régime à partir du mois de septembre.
A l'origine de ce projet, il y a un couple, Cédric et Anne-Sophie Davoine. Depuis 10 ans, ils vendent, dans la Métropole, des paniers de produits bio contenant fruits et légumes du coin. Inspirés par l'entreprise créée par des amis parisiens il y a 3 ans, ils ont eux aussi décidé de se lancer dans l'aventure du compost en circuit court. Première étape : trouver un local. Grâce à un partenariat avec la CCI et la prud'homie des pêcheurs, l'association a pu s'installer sur le port de plaisance de Toulon. Puis, les bénévoles «alchimistes» se sont mobilisés pendant plusieurs mois pour réhabiliter le lieu, laissé à l'abandon. Et en mai dernier, ils ont enfin reçu la machine tant attendue : le composteur électromécanique A900 ! Si le nom sonne comme celui d'un avion de ligne, il s'agit en réalité d'une grosse citerne qui va permettre de composter les déchets organiques.
Mode d'emploi

« La vingtaine de bénévoles que nous comptons, récupère les déchets auprès des restos, épiceries, et cantines scolaires grâce à un vélo équipé d'une remorque », précise Cédric Davoine. Les épluchures de fruits et légumes, restes de viande et poisson etc, sont ensuite triés sur le port. « La machine mange 150 kilos d'ordures organiques par jour, explique le fondateur de l'asso. Cela représente entre 30 et 35 tonnes par an.» Grâce à la citerne, le processus ne provoque aucune nuisance : pas d'odeurs, pas de rongeurs ni de nuisibles. « Les déchets organiques passent 2 semaines dans l'engin, détaille Cédric Davoine. Après 3 à 4 semaines de maturation, on obtient un compost normé. Il est plus riche que celui récupéré à partir des déchets verts, avec des taux de matières organiques de l’ordre de 40% ». Ce terreau contient également les 3 principaux composants des engrais : de l'azote, du phosphore et du potassium. Primordial, puisque l'objectif final est de vendre ce compost aux agriculteurs de l'aire toulonnaise.

Convaincre les partenaires
Question épineuse : comment convaincre des restaurants de payer pour traiter leurs restes alimentaires alors qu'ils ne le font pas actuellement ? « Depuis 2016, la loi Grenelle II oblige ceux qui produisent plus de 10 tonnes de déchets organiques par an à les trier et les valoriser, expliquent les alchimistes. Cela représente à peu près 150 couverts et donc concerne pas mal d'établissements, des cantines scolaires, les hôpitaux et à priori la base navale. On leur offre une solution écologique et locale ». Difficile de donner un chiffre, mais le coût devrait représenter 10 centimes par repas. Pour l'instant, une quinzaine de partenaires s'est lancée, dont le lycée Dumont d'Urville.

Grandes ambitions
Cette première phase doit aussi servir à mobiliser les citoyens et les collectivités qui auront la charge du traitement des déchets organiques à partir de 2023. « Le local du port fera office de showroom, notamment pour accueillir des scolaires ». Mais les alchimistes voient grand. D'ici 2023 -2025, l’association souhaite créer des sites dix fois plus gros, capables de traiter 600 tonnes par an ! Le circuit court a donc une longue vie devant lui.
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