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A Toulon, le planning familial renaît

  • julieradatti
  • 9 avr. 2019
  • 3 min de lecture

Radié du réseau national en 2015, suite à une mauvaise gestion et à de graves manquements dans l'organisation, le planning familial de Toulon avait dû fermer ses portes, au grand dam des bénéficiaires. Mais il y a trois ans, une toute nouvelle équipe s'était battue pour recréer l'association. Présidé par deux féministes convaincues, le planning a d'abord été hébergé par la Ligue de prévention, avant d'inaugurer ses nouveaux locaux, toujours en centre-ville.



C'est dans un appartement entièrement rénové que le planning a posé ses cartons. Planchers refaits, murs repeints, des pièces grandes et claires pour accueillir le public. Quel public justement ? " Essentiellement des jeunes, de 15 à 25 ans, majoritairement des toulonnais", explique Michèle Lafitte, co-présidente du planning. L’an dernier, 500 personnes ont ainsi été reçues. "Nous avons des permanences tous les après-midi, les jeunes peuvent venir quand ils le souhaitent, s'installer, discuter et revenir à n'importe quel moment." Pour l'association, il était donc essentiel de rester en centre-ville, à deux pas des arrêts de bus, des lycées et de l'université.

Relation au corps et à l’autre

L’équipe toulonnaise compte 26 membres actifs, médecins, psychologues ainsi que conseillères conjugales et familiales. Leur travail est centré sur la personne « Notre mission est de recevoir toute la population, d’aider chaque individu » rappelle Michèle Lafitte. "On parle essentiellement de relation. Relation à l’autre, sentimentale, sexuelles bien sûr. La question qui revient fréquemment est celle de la contraception : quand la prendre ? Pilule, préservatif, stérilet ? " Les deux présidentes notent d’ailleurs un changement dans la génération actuelle, "pour nous, l'arrivée de la pilule contraceptive dans les années 1960, c’était une vraie libération, s'exclame Joëlle Roche, co-présidente. On pouvait enfin arrêter de compter les jours de notre cycle!" Aujourd'hui, les jeunes filles sont plus réticentes. Elles s’interrogent sur les conséquences que peuvent avoir ces hormones sur leur santé. Surtout, elles veulent que la contraception ne soit plus uniquement l’affaire des femmes. Bonne nouvelle, les garçons sont de plus en plus nombreux à s'impliquer sur ces questions. " Certains me demandent même quand la pilule masculine sera mise en place ! Je leur parle aussi des slips chauffants (ndla contraceptif masculin), ça les fait rire ", sourit Michèle Lafitte. "Il y a du respect, de l’écoute entre eux. J’ai orienté un couple pour une IVG, le garçon a dit qu’il serait là pour accompagner sa petite amie et qu’il trouvait ça normal. C’est génial de voir ça ! " Le tabou n'a pas sa place au planning, les jeunes peuvent aussi parler des IST (infections sexuellement transmissibles), des violences conjugales et de la question du consentement.


Un salon pour accueillir le public, sur la table des préservatifs en libre service


Optimisme

La conseillère est d'ailleurs très optimiste et bienveillante avec ces adolescents qu’elle reçoit tous les jours. Bien sûr il y a encore une méconnaissance du corps féminin, dans certaines communautés on évite des sujets de conversations, certains jeunes cherchent l’information sur Internet et tombent mal. Mais la conseillère ajoute « je trouve que les adultes âgés de 25 à 30 ans sont beaucoup plus responsables que les quinquagénaires ! Combien de personnes divorcent, refont leur vie et ne se protègent plus car elles pensent que le Sida ne les concerne pas…. »


Futur


Actuellement le planning familial peut se porter référent pour une mineure qui souhaite avorter. L'objectif désormais est de devenir centre de planification ce qui permettrait aux médecins de prescrire la pilule ou un autre de mode de contraception. Le praticien pourrait aussi pratiquer une interruption volontaire de grossesse. Mais le chemin risque encore d’être long, puisque c’est le conseil départemental qui doit donner son accord. Or "certains ne sont pas ravis de nous voir revenir" souffle Joëlle Roche. Compétitions entre les services, mauvaise opinion sur le planning, l’équipe reste en tout cas mobilisée pour les droits des femmes.

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